Lâchez vos cerfs-volants

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Plus les jours rallongent, et moins j’étends les bras
Moi qui fais vos songes et qui défais vos draps
Que j’aille croissant, que je me défasse
De jour on perd souvent ma trace,

Plus les jours augmentent et moins l’on m’aperçoit
On me croit absente et pourtant je suis là
Pierrot n’écrit plus mais je berce encore
Le rêveur ingénu qui dort,

Et je vous aime, doux et fragiles,
Tendres colosses au cœur d’argile,
Si peu conscients du temps rapace,
De votre univers qui s’efface,

Oui je vous aime, terriens futiles,
Semeurs des champs, danseurs des villes,
Petits humains, pauvres frontières,
Demain s’éteindront vos lumières,

J’observe de haut vos rires et vos peurs
Je vous trouve beaux mais quelquefois je pleure
J’aurais tant voulu au salut final
Vous emmener sur mon étoile,

Je sens la fumée de vos forêts en cendres
Le flot des glaciers, les chaleurs de décembre,
Parfois je m’éclipse en signe d’alarme
Mais vous n’y voyez que du charme,

Et je vous aime, fous de l’espace,
Venus danser sur ma terrasse
Un soir d’été en plein juillet
Sous une bannière étoilée,

Oui je vous aime, terriens rebelles,
La poésie au bout des ailes,
Qui chantera mon doux éclat
Lorsque vous ne serez plus là ?

Je rythme le sang qui transforme vos femmes
L’eau des océans, les marées de vos âmes,
Au cœur de la nuit, le temps d’apparaître,
J’appelle vos enfants à naître,

Quand je serai seule avec mes souvenirs
Repassant les films où l’on vous voit grandir
Sans votre présence et pour l’éternité
Qui me regardera briller ?

Moi qui connais ce qui vous attend
Lorsque je ris, c’est que je mens,
N’attendez-pas le dernier moment
Pour lâcher tous vos cerfs-volants
(bis)

Paroles et Musique : Christiane BÉLERT